Dans l’industrie musicale, il est considéré comme l’un des patrons les plus influents en Europe. Mais à Tours, le PDG d’Universal Music France est à la tête de deux pressings écolo. Tous les quinze jours, il vient se ressourcer à Saint-Roch, dans un ancien relais de chasse qu’il a entièrement rénové. L’ancien juré à la très populaire émission de TF1 « Star Academy », l’auteur du livre à succès «Sans Contrefaçon» aux Éditions Fayard, aime la région et fourmille d’idées pour Tours.
Depuis deux ans, dans les jardins de l’Hôtel du Grand Commandement à Tours, Universal Music Classics France propose de redécouvrir les plus grandes œuvres de son catalogue. Comment est née l’idée ?
L’été fait partie des périodes de l’année où les gens sont plus disponibles. Avec le sculpteur Michel Audiard et le viticulteur Frédéric Bourillon, nous nous sommes dit pourquoi pas faire venir les gens pour découvrir un lieu exceptionnel, bâti sous Napoléon III, habituellement fermé au public, pour qu’ils écoutent de la musique, un verre de Vouvray à la main et découvrent les œuvres de Michel Audiard. ( ndlr :« Les Z’animaux musiciens » une série colorée de sculptures représentant un orchestre symphonique avec des têtes d’animaux sauvages ou domestiques.) Quant à la musique, ce sont les plus grandes œuvres, jouées par les plus grands artistes pour Deutsche Grammophon, un de nos labels. L’idée est simple passer un bon moment et partager.
Pour quelles raisons vous êtes-vous installé en Touraine ?
J’ai acheté un relais de chasse il y a trois ans à Saint-Roch. J’aime la campagne, les forêts, les étangs, les prairies sauvages. J’ai quelques brebis, deux ânes, un cheval, des poules, une truie. Pour mon anniversaire, on m’a offert un couple de cygnes noirs. J’ai besoin de vivre au rythme des saisons, me mettre au vert. Et quand le démon de minuit me réveille, je file à Tours, boire un verre place Plumereau. Une fois par semaine, je fais la fermeture des boîtes. La région est magnifique on y mange bien. J’ai quelques pieds de vignes. Un potager. Je ramasse mes tomates et mes patates. Je fais de l’alcool de prunes, des confitures de cassis et de groseille. C’est la vraie vie !
Ce que vous vivez au quotidien n’est pas la vraie vie ?
Le show-business, c’est aussi la vraie vie. Et c’est très cruel ! Pour quelques carrières de très long terme, combien de carrières d’un été ? Quand une maison de disques signe dix artistes nouveaux, huit ne marchent pas. Être producteur, c’est vivre avec l’échec en permanence. On découvre des talents, on les aide le temps de la création. Et après, on essaie de les médiatiser, de les vendre. C’est très compliqué. Le plus dur est de créer la confiance. J’ai la chance de travailler avec des artistes qui me sont fidèles depuis longtemps comme Mylène Farmer, Eddy Mitchell, Florent Pagny… Le jour où la confiance n’existe plus. C’est fini ! C’est pour cette raison d’ailleurs que j’ai rendu son contrat à Johnny Hallyday.
Quel regard portez-vous sur lui aujourd’hui ?
C’est une grande star. Plus il vieillit, mieux il chante. C’est aussi rare que fascinant. C’est le cas également de Bernard Lavilliers qui sort son vingtième album à la rentrée.
Que recherchez-vous chez un artiste ?
Le défaut ! Un artiste qui a une signature vocale qu’on reconnaît immédiatement a souvent un défaut dans la voix. Celui qui n’a pas ce défaut dans la voix est choriste. Ce sont les défauts des gens qui font leur trait de caractère, leur qualité. Je dis aux jeunes, artistes ou étudiants : utilisez vos défauts !
Quel est votre coup de cœur musical de la rentrée ?
L’album de Stromae, « Racine Carrée » qui vient de sortir. C’est un jeune Belge, enfant de la chanson et de l’electro. Il montre qu’on n’a pas besoin de chanter en anglais quand on a du talent. On va vendre son disque dans vingt-cinq pays. C’est formidable ! Je viens aussi d’écouter les trois premiers titres du nouvel album de Ben l’Oncle Soul. Le premier album du Tourangeau a été une claque pour tout le monde. Le second sera une double claque. Il a un talent fou !
Vous possédez deux pressings à Tours de l’enseigne Sequoia. Pourquoi ?
C’est une histoire d’amitié. Je suis un grand consommateur de pressing. Un ami m’a expliqué son idée de faire des pressings éco-responsables en utilisant des techniques américaines à base de silicone liquide et non de perchloréthilène solvant à l’odeur caractéristique utilisé par la quasi-totalité des pressings traditionnels, et accusé d’être cancérigène. J’ai investi dans la société Sequoia au niveau national. Et j’ai ouvert deux pressing à Tours et un à Saumur. J’ai créé neuf emplois. On espère être une vraie chaîne dans quelques années avec une centaine de franchisés.
Avez-vous d’autres projets à Tours ?
Maire de Tours, Non ! ( Rires). En revanche, et j’en ai déjà discuté avec Jean Germain, j’aimerais créer un festival electro de niveau international. Nos chefs cuisiniers sont connus dans le monde entier. C’est pareil pour nos artistes electro. A Tours, cité de la gastronomie, pourquoi ne pas faire un week-end qui mettrait en lumière nos plus grands chefs et nos plus grands DJ ? Dans les deux cas, on rendrait hommage à l’art du mélange. Il y a un truc incroyable à faire !