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Tours Madame

Fugue en Saumurois

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Tout y est. Châteaux et manoirs, églises et troglos, belle ville et charmants villages, lieux gourmands et bons vins : le tout sur fond de vignes face à la Loire. Fugue en tuffeau majeur dans un pays enchanteur.

9h30

Impossible de faire plus Val de Loire. En voiture pour ce Saumurois dont l’identité si forte fait qu’il revendiqua à la Révolution son propre département. Il fut d’ailleurs envisagé de regrouper Saumur, Bourgueil, Chinon et Richelieu en un seul département. Mais Angers la catholique emporta finalement Saumur la protestante lors de ce découpage. On comprend dès lors que les Saumurois en aient gardé une certaine rancoeur et que leurs viticulteurs parlent des vins là des vins de Saumur et non d’Anjou.

10h30

Lesquels arroseront donc cette balade à grand spectacle que nous débuterons à droite du pont métallique de Montsoreau,DSC_6548 (Copier) à hauteur de la champignonnière du Saut aux Loups. Et quasi tout de suite, sur Turquant, un premier arrêt s’impose au pied de l’une des plus belles façades troglodytiques d’Europe. Magistral : du tuffeau plein les yeux en ce site de la Grande Vignolle, qui se visite sans bourse délier. Dédale de salles creusées dans la roche, cet ancien logis seigneurial du XVIe (avec fuie) est aujourd’hui propriété du Domaine Filliatreau, auquel le saumur-champigny doit sa notoriété, initiée à Paris à la fin des années 70. Les visiteurs sont bien sûr conviés à goûter ses remarquables cuvées face à la vigne en labyrinthe qui, en contrebas, représente le symbole des Monuments historiques.

 

11h

A un jet de pomme plus loin, en leur Troglo des Pommes tapées, Béatrice et François perpétuent cette insolite production autour de leur four, le dernier encore en activité des quelque deux cents qui, à Turquant, au XIXe siècle, firent vivre toute une génération. Un livre de comptes fait ainsi état en 1890 d’une vente de 500 tonnes à une compagnie britannique. Les marins adoraient en effet ces fruits secs, à la fois nutritifs et peu encombrants sur les navires, ainsi que le rappelle le petit musée de ce lieu insolite, bien évidemment ouvert à la dégustation… et à la vente.

11h30

DSC_6573 (Copier)Cap à l’ouest ! Au pied du pittoresque coteau qui escorte la départementale à Parnay (où un panneau signale que passe le méridien 0°, dit de Greenwich), Souzay et Dampierre, vont dès lors se succéder d’innombrables troglos, petits châteaux et autres vieux logis à la gloire du tuffeau : un vrai tableau en panoramique continu. Côté Loire aussi, que de vues enchanteresses jusqu’à la belle Saumur, qui s’enorgueillit d’une soixantaine de monuments historiques. Une vrai musée à ciel ouvert, d’églises en nobles demeures et jusqu’à l’hôtel de ville, dont la façade et la cour Renaissance sont une merveille.

En stationnant juste en face, derrière le monumental théâtre, bâti en 1860 et en cours de restauration, on accéde à la jolie place Saint-Pierre, dont les maisons à pans de bois témoignent encore de la haute valeur patrimoniale de cette cité naguère puissante, puisque capitale religieuse et militaire. Pleines de cachet sont aussi les rues commerçantes voisines, par lesquelles l’on rejoint la rue principale, dans l’axe du vieux pont Cessart qui, depuis 1770, déploie ses douze travées sur 293m.

12h30

De la Loire à du loire ! Sur le quai Carnot, en aval du pont, la nouvelle et élégante Maison des Vins de Loire la fait en effet couler dans un seul verre. Véritable vitrine du vignoble, elle permet de goûter maintes expressions de chenin, cabernet et autres cépages du Saumurois et d’ailleurs. Vente ou pas, pas mieux pour l’apéro… Le déjeuner ? On peut certes improviser face au fleuve un chic pique-nique autour des merveilleuses cochonnailles de chez Girardeau, traiteur rue Saint-Nicolas, ou, juste à côté, une orgie de fouées en terrasse de l‘Auberge des Ecuyers, mais franchement vous auriez tort de ne pas réserver au Trianon.

13hDSC_7172 - copie (Copier)

Monsieur Jacques ayant 92 ans, pas question en effet de remettre à plus tard ce grand moment d’histoire qu’est un repas au Trianon du quai Carnot. Difficile d’ailleurs de repérer cette maison à la drôle de façade surannée, un couloir menant à une salle de restaurant hors d’âge. Bienvenue chez Jacquot qui, depuis quarante-trois ans, officie seul en cuisine midi et soir, assurant certains jours une centaine couverts. Debout ds 5h, toujours cravaté, l’oeil vif et le verbe haut, l’ex-chauffeur de taxi parisien tient du monument historique, au même titre que sa salle, encore dans son jus d’il y a… longtemps. Les serveuses ne sont pas d’époque, mais elles ont elles aussi une gueule d’atmosphère, certains clients, qu’on croirait des figurants, semblant sortis d’un des premiers Maigret de l’ORTF. Du pittoresque qui a bien sûr attiré les bobos du cru, plus là pour l’ambiance que pour l’unique menu. Qui n’a jamais varié. Accrochez-vous : quatre ou cinq indémodables entrées, un steack avec cuisson à la carte et frites maison, du calendos et un cône glacé pour 10,90€. On croit rêver… Et c’est Jacques qui fait l’addition, version d’avant, très avant ! la Carte Bleue…

14h30

Un peu de frais pour retrouver l’air du temps… En suivant le quai Carnot, on tombe sur la vaste place du Chardonnet, dont il faut faire tour pour en admirer les fiers bâtiments de l’école de cavalerie et du musée à  sa gloire, avant de gagner Saint-Hilaire-Saint-Florent, où s’égrènent à fleur de roche cinq des six grandes maisons de saumur brut. Un brut civilisé qui a contribué au renom de cette ville devenue après la Champagne l’un des plus importants lieux d’élaboration de fines bulles en France.

On est priés d’entrer dans le ventre du coteau. En l’occurrence dans les caves Bouvet-Ladubay, la vénérable maison (1851) proposant de découvrir toutes les étapes de la vinification au sein de ses galeries sculptées, d’une admirable finesse d’exécution. On se laisse aussi captiver par la salle des calèches et le magasin des étiquettes, au sein d’un hall d’une architecture à la Eiffel. De l’autre côté de la route, le centre d’art contemporain est aussi inclus dans la visite, qui prend fin dans la  moustille de fines cuvées, à boire avec délectation… et modération, car il faut gagner les hauts. Pour un sommet des châteaux de la Loire !

DSC_7581_1970 - copie (Copier)16h

De l’ombre à la lumière… Nous voilà dans l’éclat de ce gracieux castel de conte de fées.Magnifique Dame blanche perchée face au Fleuve royal, cette ancienne forteresse, transformée en palais par les ducs d’Anjou, préfigure la Renaissance. Elle abrite une riche collection autour des Arts décoratifs – de meubles en tapisseries et de faïences en porcelaines – ainsi que les plus belles pièces de harnachement au monde – de l’Antiquité au XXe siècle.

 

17h30

De retour à votre coche, prenez la direction du panorama voisin. Un superbe balcon sur la Loire et le bâti de tuffeau et d’ardoise de son quai. De cette petite route perchée, l’on gagne le vignoble du saumur-champigny par le même itinéraire que celui de La Loire à Vélo. On s’en écartera dix minutes pour admirer le vieux village de Souzay, coiffé d’une église de style gothique flamboyant.

DSC_6677 (Copier)A quelques ceps de là, passée l’intersection de la route de Champigny, le curieux Clos d’entre les murs prend ses aises. Son auteur, Antoine Cristal, fut le premier dans la région à replanter de la vigne après le phylloxéra. On lui doit donc d’avoir construit ce vaste clos au sein duquel des murs parallèles le traversent d’est en ouest. Sur la face nord de chaque étaient plantés les ceps, mais à 50 cm du sol, ils disparaissaient par un trou de l’autre côté du mur : les vignes avaient ainsi le pied au nord, donc au frais, et leurs feuillages et grappes au sud, donc au chaud. Le vin qui en était tiré fut si bon qu’il construisit un clos similaire à Champigny et qu’on en but jusqu’en Amérique. En 1931, quand ce Lépine du vignoble rendit l’âme, à 93 ans, tout le Saumurois le pleura, les vignerons du cru lui ayant érigé un buste au bord de la Loire. La visite de cette drôle de vigne s’impose bien sûr, avant de se laisser glisser, en face du cimetière tout proche, jusqu’au porche sculpté de la solitaire église de Parnay, dont le clocher XIe domine le coteau de la Loire.

18h30

De retour sur la délicieuse route du vignoble, un mini-panneau vous invite bientôt à tourner à gauche pour DSC_6689 (Copier)entrer dans Turquant, ce village des métiers d’art en troglos concluant notre fugue. Près de l’église aux vitraux modernes, un chemin longe le coteau troglodytique dans lequel se sont établis une douzaine d’artisans d’art (céramiste, couturière, doreur…). Une belle fin assurément… et si l’on a déjà faim, ou seulement soif, la terrasse du Bistroglo tient de la providence avant de regagner Tours par là d’où l’on est venus. On peut même prolonger ce dîner jusqu’à la nuit pour s’extasier à nouveau sur la Grande Vignolle en version illuminée : féerique !

Retrouvez nos bonnes adresses au fil du parcours

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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