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Tours Madame by eklecktic

De la clandestinité aux podiums de la haute-couture

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Par Sandrine DARTOIS

 

L’histoire de Sami Nouri ressemble à un conte de fée. Après une enfance malheureuse en Afghanistan et en Iran, le jeune ado se retrouve sans famille, sans savoir lire ni écrire, abandonné devant la gare de Tours. C’était il y a 4 ans. Aujourd’hui âgé de 19 ans, Sami se prête au récit de son extraordinaire parcours dans un français presque parfait et avec une détermination plus que parfaite.

 

Allure élégante, barbe naissante et cheveux ébènes fraîchement gominés, la frêle silhouette de Sami Nouri ne passe pas inaperçue dans les rues de Tours. Depuis son passage au 19.45 sur M6 (ndlr : dimanche 8 février), celui qui est surnommé « le petit prince de la mode » est devenu le chouchou des médias. En une semaine, pas moins de 400 personnes l’ont sollicité sur Facebook pour devenir son « ami ». Touché, Sami a le sourire, il sait où il va… mais n’oublie pas d’où il vient.
De l’ombre à la lumière
Né en 1996, Sami passe ses premières années enfermé dans la clandestinité. Ses parents n’ont pas de carte de séjour, 11004366_711118959007334_356526706_n (Copier)la famille vit recluse en Afghanistan. Privé d’école, il apprend l’alphabet et quelques rudiments de lecture avec sa sœur, grâce à une dame qui vient de temps en temps chez eux. Pendant ces années de galère, son seul objectif sera de travailler nuit et jour avec son père, couturier, afin de gagner l’argent qui leur permettra d’acheter leur liberté : payer un passeur pour toute la famille et rejoindre un pays européen.
Malheureusement, le passeur peu scrupuleux abandonne Sami comme un panier de linge sale devant la gare de Tours. L’ado de quatorze ans se retrouve livré à lui-même, sans connaître un mot de français, avec la peur au ventre, la crainte que la police ne le renvoie en Afghanistan. Finalement, il est placé dans un foyer, d’abord à Fondettes, puis à Joué-lès-Tours. Seul le week-end, il demande à être accueilli dans une famille : Georges-Antoine Strauch, patron de la société Articque, et son épouse deviennent ses anges-gardiens. Progressivement, il reprend confiance en lui et intègre une classe spéciale réservée aux élèves « non scolarisés antérieurement » au collège Jules Ferry pour apprendre à lire et écrire. Au moment de choisir une orientation, Mme Laborde, sa prof principale, détecte ses talents pour la couture et soutient son dossier pour qu’il intègre la section Bac Pro « métiers de la mode » du Lycée François Clouet.
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De « petite main » à la haute-couture
Après quelques stages de retouches en première année, Sami rêve déjà de la haute-couture. Il envoie en recommandé une soixantaine de lettres de candidature à toutes les maisons qui le font rêver : Kenzo, Dior, Chanel…. Il obtient une seule réponse positive, celle de John Galliano !
Puis il se lance un nouveau défi : organiser son propre défilé de mode. En juin dernier, contre toute attente, avec l’aide de bénévoles, il présente 39 modèles de robes de soirée, devant un parterre de 350 personnes, éblouies par son talent. A la fin du défilé, les robes sont vendues aux enchères sous le marteau d’Aymeric Rouillac. Dans le courant de l’été, il enchaîne deux autres défilés à Saint-Tropez et La Croix Valmer. « J’avais l’impression de vivre un rêve… Quand j’étais petit, je rêvais de devenir quelqu’un, d’être reconnu. Aujourd’hui, je signe des autographes, j’ai beaucoup de chance, je suis très fier ! ».

 

Un avenir cousu main
A la rentrée 2014, Sami a décroché un contrat d’apprentissage chez Jean-Paul Gaultier, en alternance avec l’école de DSC_9771 (Copier)la Chambre Syndicale de Couture Parisienne, la première école de mode en France. Il a commencé par travailler avec un tailleur, puis il a appris la technique du flou, et de fil en aiguille, on lui a confié la réalisation d’une robe entière. Ce qu’il aime particulièrement, c’est coudre à la main, surtout le satin et le taffetas. Professionnellement, il aimerait un jour créer sa propre griffe, mais il garde la tête sur les épaules et ne veut pas brûler ses jeunes ailes.
« Tours, c’est la ville de ma renaissance »
Attachant et bavard, le jeune garçon attire immédiatement la sympathie. « Tours, c’est la ville de ma renaissance, je m’y sens bien, tout le monde est gentil avec moi, j’ai plein d’amis ici ». Grâce à Facebook, Sami a retrouvé sa mère et sa sœur, qu’il a réussi à faire venir à Tours par l’entremise de Marisol Touraine. Désormais, son rêve le plus cher serait de retrouver son père dont il n’a plus de nouvelles depuis 4 ans…. « Je ne lâche jamais rien, j’envisage toujours les choses de manière positive et surtout, maintenant… je n’ai plus peur de rien ! ». Déterminé, on vous dit !

 


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