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Chédigny : le pouvoir des fleurs

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« Changer les choses avec des bouquets de roses… ». Pierre Louault, maire-jardinier de Chédigny depuis 1977, ne démentirait pas le refrain de Laurent Voulzy. En l’espace d’une quinzaine d’années, il a osé la métamorphose et fait éclore cette bourgade du sud Touraine, désormais premier village labellisé « Jardin Remarquable ». A quelques jours du Festival des Roses (28/29 mai), les rosiers sont prêts à s’épanouir et exhaler tous leurs parfums pour séduire 15 000 amateurs de flâneries olfactives.

Isabelle Béjanin, Monique Boitard et Pierre Louault, maire de Chédigny

Isabelle Béjanin, Monique Boitard et Pierre Louault, maire de Chédigny

On ne sait quelle rose l’a piqué, mais Pierre Louault, amoureux des variétés anciennes, souhaitait rendre son village plus convivial et attrayant. En collaboration avec le grand rosiériste André Eve, ils plantent les premiers rosiers grimpants en supprimant simplement quelques pavés des trottoirs existants. En 2001, le bourg est restructuré, les réseaux enfouis, et ils profitent des travaux pour planter des buis, des ifs et des milliers de vivaces. Aujourd’hui, le village compte plus de rosiers (800) que d’habitants (561) ! Les rosiers lianes exubérants ont pris goût aux vieilles pierres, les murs de tuffeau servent de cimaises pour ces tableaux grandeur nature, et 2000 vivaces illuminent les massifs.
Les rues ont laissé place à des allées où les promeneurs butinent et s’enivrent des effluves de roses anciennes : le centenaire « Madame Alfred Carrière », « Albertine », « Félicia » ou « Louise Odier » distillent leurs parfums de musc, thé, myrrhe, litchi, fraise, pamplemousse, abricot… Un véritable tourbillon de fragrances, différentes en fonction du moment de la journée, vient titiller les narines !

Aucun désherbant n’est utilisé, l’entretien est minutieux, chaque plante soigneusement

Marie-Pierre Guilbaud

Marie-Pierre Guilbaud

identifiée par Marie-Paule Guilbaud, la femme aux mains vertes qui veille sur le patrimoine floral du village. Après des études en sociologie et communication en entreprise, elle s’est reconvertie pour vivre au grand air et se consacrer à sa véritable passion : les vivaces. En complément, Pierre Louault l’a mise au parfum sur la culture des rosiers. Désormais, les passants lui lancent des fleurs et lui demandent des conseils pour reproduire les gestes fertiles.

 

© Christophe Gaye

© Christophe Gaye

La révolution des roses
Au-delà de l’attrait botanique, les fleurs ont redonné vie au village, elles ont transformé la rue en lieu de rencontres, de partages et d’échanges. Pour prolonger l’harmonie du fleurissement, les Chédignois entretiennent leurs propres jardins avec amour et générosité. Certains sont prêts à offrir des boutures ou des graines, voire même à ouvrir leurs portes aux visiteurs. Le terreau de Chédigny semble fertile pour les plantes, comme pour les hommes. La librairie « Pierre de Ronsard », le restaurant gastronomique « Le Clos aux Roses », la boulangerie, quelques chambres d’hôtes et ateliers d’artistes retiennent les visiteurs pour une douce halte.

En quelques années, le village de Chédigny est devenu une référence nationale, un

© Christophe Gaye

© Christophe Gaye

modèle pour d’autres communes qui viennent ici prendre de la graine. Le 29 mai prochain, Pierre Louault sera invité au Festival Mondial des Roses de Lyon pour expliquer comment il a créé autour du rosier une vraie dynamique sociale et économique pour sa collectivité. Homme de terrain fédérateur, défenseur de la culture rurale et paysanne, il souhaite privilégier les habitants au cœur du village pour mieux vivre ensemble : « Mon rêve le plus cher serait que toutes les maisons du bourg soient habitées, que l’on puisse sortir la table pour prendre l’apéro dehors, et que les enfants jouent dans la rue ».

Loin d’être un village-dortoir, Chédigny est animé par un véritable esprit de solidarité entre les habitants. Les deux associations « Roses de Chédigny » et ATAC (Association Tourisme et Animation à Chédigny) regroupent des bénévoles enthousiastes et pleins d’énergie qui aiment faire la fête et retrousser leurs manches pour accueillir les visiteurs. D’avril à septembre, la vie du village se décline au rythme des promenades florales mensuelles, guidées par une poignée de botanistes passionnés. Contre toute attente, le livre « Chédigny, la vie en roses » paru en 2013, a dû être réédité. Grâce à ce « best-seller », quelque 60000 amoureux des fleurs, français et européens, viennent chaque année découvrir ce jardin d’Eden tourangeau.

Un festival en son jardin
L’événement-phare de l’année, c’est le Festival des Roses, le week-end de la fête des mères, les 28 et 29 mai. Amateurs et professionnels s’échangeront des containers pleins de promesses et de rêves de jardins à venir. Les roses ne sont pas les uniques stars de cet éco-festival, qui met aussi en scène tous les acteurs de la biodiversité, avec des ateliers olfactifs, conférences, portes ouvertes dans les ateliers d’artistes et animations musicales dans les rues fleuries.

Homme de défi, Pierre Louault ne se repose pas sur ses lauriers. Il n’hésite pas à 456 (Copier)mettre la main à la pâte pour créer de nouveaux événements qui font rayonner le charme de son village. Fini le temps du blues, le festival « De bouche et d’oreille* » prend racine. Ce concept original axé autour des mets paysans attire les fines bouches du territoire, sous l’œil bienveillant de chefs tourangeaux étoilés. Entouré par sa grande famille villageoise, Pierre Louault, souhaite redonner le goût des choses simples aux amateurs de bonne chaire. Au menu, les saveurs des mets oubliés : rillettes sur pain grillé, soupe d’ortie, galette tourangelle, beuchelle, gigot de chèvre, rognons, géline lochoise, mamelle, pain perdu… Autant de recettes issues de la mémoire collective qui ont un parfum d’enfance.
Aussi à l’aise avec une fourche qu’une fourchette, Pierre Louault s’épanouit aussi bien dans l’art du jardin que dans l’art du bien vivre. C’est sans doute la vraie recette du succès : de la simplicité, de l’amitié, un accueil attentionné « comme à la maison », des nappes blanches en tissu repassé, et bien sûr… des bouquets de fleurs fraîches sur les tables.

* Festival « de Bouche et d’Oreille » : 5/6 août 2016

http://www.chedigny.fr/

 


 

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